Mimosa | Approche sensible | Pharmacognosie

11 mars 2023 | Publié parJardin Alchimique
	

Le mimosa a-t-il des propriétés médicinales et cosmétiques ?

Je reçois régulièrement des messages et commentaires de personnes me demandent comment réaliser un macérât huileux ou un baume de mimosa. Je suis un peu surprise de cet engouement car il ne s’agit pas d’une tout d’une plante utilisée pour d’éventuelles propriétés thérapeutiques.

Je vous partage donc cet article pour répondre à plusieurs questions qui m’ont été posées et pour vous faire un portrait de ce bel arbre annonciateur de printemps.

 

Il existe plusieurs variétés de mimosas, du genre acacia, de la famille des fabacées. Le mimosa est un arbre qui fut importé d’Australie, et qui à l’état sauvage est très envahissant. Pour contrer cela, on retrouve aujourd’hui majoritairement des cultivars greffés sur des pieds de différents espèces qui n’engendreront pas de rejets.

La plupart des Mimosas que nous retrouvons dans le sud de la France sont l’espèce Acacia dealbata. Ce Mimosa nous pare de ses pompons dorés et de son parfum enivrant. Malheureusement le parfum est difficile à saisir, car ses fleurs sont dites « muettes », à l’instar du Lilas par exemple. Néanmoins avec quelques subtilités il nous est possible d’en capturer un peu de sa fragrance, notamment avec l’infusion de ses fleurs dans du miel dont vous connaissez à présent la recette.

 

On retrouve sur le marché une essence de Mimosa, issu de cet Acacia dealbata, qui n’est pas une huile essentielle mais un absolu, souvent obtenu par une extraction préalable dans de l’alcool. Comme pour tous les absolus, ceux-ci sont en essentiellement utilisés en parfumerie, et ne présentent pas de réelles propriétés thérapeutiques si ce n’est éventuellement de détendre le système nerveux par olfaction, comme c’est le cas de nombreuses fragrances qui nous sont agréables, particulièrement les parfums sucrés et vanillés.

Il existe une d’autres variétés de mimosa, comme le Mimosa pudica ou  le Mimosa tenuiflora (ou Mimosa hostilis) qui est une variété d’Amérique latine, dont on utilise L’ÉCORCE et non la fleur, qui est par ailleurs une fleur dans les tons roses et qui n’a rien avoir avec notre mimosa aux couleurs d’or. Cette écorce aurait des propriétés dermatologiques et justifierait une utilisation en cosmétique car elle favoriserait la régénération cellulaire (1). On lui prête également des propriétés anti-oxydantes, et serait utilisé contre la bronchite la fièvre, les maux de tête et l’inflammation (2)

Personnellement je n’utilise pas cette plante dans mes préparations végétales, car nous avons des plantes cicatrisantes bien plus locales et très efficaces. Je n’utilise pas non plus l’absolu dans mes cosmétiques et mes préparations car il est rare qu’il soit biologique et est souvent importé de loin, et à part son parfum cela n’apporte pas grand chose aux vertus recherchées.

photo : Mimosa hostilis

Oui mais il contient pourtant des anti-oxydants puisque ses fleurs sont jaunes ? 

 

Oui, comme toutes les plantes, le mimosa contient des anti-oxydants, des minéraux, des tanins, des protéines, …

Toutes les plantes qui élaborent la photosynthèse contiennent de très nombreux anti-oxydants, car elles sont constamment au contact de la lumière du soleil, et elles tout intérêts à se protéger des radicaux libres, si ce n’était pas le cas, nous ne connaîtrions pas la nature telle qu’elle est aujourd’hui.

Votre gazon contient également des anti-oxydants, des minéraux, des tanins, etc. Est-ce pour cette raison que cela que vous allez vous en faire une crème pour relisser votre peau  ? Ou encore que vous allez en consommer dans votre soupe quotidienne ? Probablement que non.

Ce n’est pas parce qu’une plante contient certains métabolites, comme des anti-oxydants, qu’ils soient sous forme de flavonoïdes (la plupart des pigments colorés des plantes) ou sous formes de tanins, que cette plante est forcément pertinente à utiliser. Il faut faire la différence entre la teneur en principes actifs, qui signifie donc que les constituants ont un réel potentiel d’action thérapeutique, cosmétique, ou toxique et la teneur à l’état de trace. Globalement, les plantes contiennent beaucoup de métabolites à l’état de trace, et certains de façon plus concentrées, c’est souvent là que l’on parle d’usage thérapeutique.

 

Pour en revenir à notre mimosa, ni la science ni la tradition nous montre un usage pertinent du Mimosa dealbata, sa teneur en principes actifs étant trop faibles pour justifier un usage thérapeutique ou cosmétique particulier.

Mon conseil du cœur est de vous inviter la vigilance concernant toutes les informations que l’on peut retrouver sur les plantes, particulièrement sur internet. De nombreux sites partagent des informations erronées, confondant (volontairement ?) les différentes variétés de mimosas, afin de faire croire que le mimosa Acacia dealbata, cette variété à fleurs jaune que nous retrouvons dans le sud de la France, présente des propriétés thérapeutiques, souvent pour vendre des produits, alors qu’il n’en est rien !

Si vous lisez un article et qu’aucune source n’est mentionnée, il est fort probable que les informations soient erronées. Vérifiez également si l’on essaie de vous vendre un produit… L’industrie des compléments alimentaires est très souvent biaisées, jusqu’à parfois faire mention d’études douteuses. Hors si l’on vous parle d’études sur une plantes, il est important que ces études soient mentionnées afin que vous puissiez vérifier l’exactitude de ces informations. Il est également important de savoir si l’étude a été réalisé dans les conditions adéquates et si les auteurs ont respecté les protocoles. Enfin, une étude isolée, surtout si elle est effectuée in vitro (sur des cellules en laboratoire, hors le corps humain est bien plus complexe qu’un bouillon de cultures en laboratoire) ne veut souvent pas dire grand chose.

Pour vérifier scientifiquement une information, il est nécessaire de pouvoir faire plusieurs études, que celles-ci soient reproductibles, et que les conclusions soient validées par des paires. Les meta-analyses sont souvent les plus intéressantes pour rechercher des informations fiables les dernières avancées autour des plantes.

Pourquoi ceci est important ? Parce que si une personne qui réalise une étude dans son coin tire ses propres conclusions sans que celles-ci puissent être vérifiées et validées, cela laisse champ libre à tout et n’importe quoi, et par ailleurs tout un chacun peut proclamer des découvertes et éventuellement en tirer un profit lucratif, ce qui, d’un point de vue éthique, est quand même questionnable…

Enfin, concernant le mimosa, il n’existe rien concernant un éventuel usage populaire et empirique de ses fleurs. Il s’agit donc bien là d’un effet de mode amplifié par les réseaux sociaux.

 

 

Si je souhaite me connecter à sa poésie, son énergie, sa vibration, j’apprécie simplement de passer du temps à ses côtés lorsqu’il est en fleurs. Les plantes ont chacune leur cycle, et nous apprennent le lâcher prise. Il n’est pas nécessaire de vouloir toujours tout cueillir, de vouloir toujours prendre quelque chose, je considère que la nature est là pour nous apprendre à Être plutôt qu’à Faire. Je sais que le mimosa laissera place à de nouvelles fleurs comme le cerisier, le lilas, le sureau, et d’autres plantes au fil du printemps, et c’est très bien ainsi. Respecter et préserver la nature autant que possible est très important pour moi, je ne cueille que ce qui est nécessaire, cela fait partie de mon éthique. À la fois pour l’environnement, mais aussi pour m’entraîner à ne pas être constamment sous la pulsion de mes désirs éphémères et me relier à des actes et des intentions plus justes et plus alignées.

 

Bien sûr on ne peut pas comparer quelqu’un qui cueille quelques branches de mimosa à des industriels qui rasent des forêts et déversent des tonnes de déchets toxiques dans la nature. Néanmoins aujourd’hui chaque geste compte, et nous avons une responsabilité en tant qu’herboriste et en tant que cueilleur.

 

Avec les réseaux sociaux, aujourd’hui les conséquences de nos actes sont encore plus grandes. Nous influençons beaucoup plus de monde par ce que nous publions et cela peut avoir des répercussions énormes, jusqu’à créer des effets de mode important. J’invite donc chacun et chacune à agir en conscience. Pour moi il est évident que je ne cueillerai pas de plantes pour en réaliser des macérâts huileux si cette préparation n’a pas de réelles propriétés médicinales, outre les propriétés de l’huile utilisée pour réaliser le macérât, comme l’huile d’amande douce par exemple qui est très nourrissante.

 

 

Avec le coeur,

Jessica

Herboriste et poétesse

www.jardinalchimique.com

 

 

Sources :

(1)Pharmacognosie, phytochimie des plantes médicinales , 5ème édition, Jean Bruneton

(2)https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0753332217341392

Vidéo sur la culture du Mimosa : https://youtu.be/Ufem-JzRWx4

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