Fausses couches, avortement et plantes médicinales
Un sujet délicat à aborder… On parle beaucoup des plantes pour la grossesse, pour les cycles menstruels, pour la ménopause, mais rarement pour des situations tout aussi importantes que la perte d’un bébé.
Je reçois malheureusement encore beaucoup de messages de femmes enceintes qui souhaitent avorter « naturellement » avec les plantes et il me semble important d’aborder cette question afin d’éviter des accidents.
C’est un sujet très intime et chaque femme vivra une grossesse, une fausse couche ou un avortement de façon très différente, et très personnelle. Néanmoins, il me tient vraiment à cœur de partager avec vous quelques plantes médicinales et leurs formes de préparation qui peuvent aider les femmes à vivre ce processus avec plus de lumière et d’amour, mais aussi le moins de douleurs, de déséquilibres et de traumatismes possible pour le corps et le cœur.
Avant tout chose, et je vous prie d’en croire mon expérience, je ne recommande absolument pas les avortements toute seule avec des plantes ou toute autre forme de méthodes abortives. Je ne vais pas débattre ici d’être ou pour contre l’avortement, c’est un autre sujet. Par contre, si vous apprenez tout d’un coup que vous êtes enceinte par accident, et que cela remonte à plus d’une semaine, tentez d’avorter avec de l’armoise, de la sauge, etc… peut-être vraiment dangereux. Je sais qu’un avortement en clinique est très loin d’être agréable. Mais à jouer les apprenties sorcières ou sage-femmes, vous pourriez risquer de vous faire du tord, et en plus de ne pas réussir à avorter, et faire du tord à votre bébé qui pourrait naître prématurément, avec des malformations, etc. Ce n’est pas anodin du tout !
De plus, pour arriver à avorter naturellement, il faut pouvoir absorber des quantités de plantes vraiment conséquentes, à savoir plusieurs litres d’infusions par jours… Ensuite, les substances abortives comme la thuyone présente dans la sauge, l’armoise, l’absinthe, etc. absorbées dans de telles quantités peuvent avoir des conséquences vraiment importantes voir irréversibles notamment sur votre système nerveux. Enfin, sauf cas particulier, absorber des litres de plantes par jour peut finir par provoquer des réactions allergiques, et autres symptômes, qui en plus d’être désagréables pourraient vous empêcher de continuer à travailler avec ces plantes par la suite.
Enceinte, votre corps ne réagira plus de la même façon, vos hormones bousculent tout votre système nerveux et votre système immunitaire, et cela laissera inévitablement des traces. Sachez qu’après 3 semaines de grossesse, le cœur de votre bébé commence à battre, et reflète que votre corps y consacre déjà beaucoup d’énergie, ce qui implique dans bouleversements important dans son fonctionnement. Je ne suis pas là pour influencer votre décision, par contre je suis soucieuse de votre santé. Je pense que l’on peut éventuellement prendre certaines plantes dite abortives juste après un rapport sexuel à risque pendant 3,4 jours en cas de prévention, mais plus après un retard de règles de plus d’une semaine...
Sachez également qu’en abusant de certaines plantes, vous pourriez réussir à provoquer un avortement, mais aussi provoquer des pertes de sang hémorragiques, entraînant malaises, vertiges, et séjours à l’hôpital, qui finiront par utiliser des méthodes par médicaments de toute façon. Encore une fois, je ne suis pas là pour influencer qui que ce soit, mai j’invite fortement toutes les femmes à se renseigner et se former aujourd’hui autour des contraceptions naturelles, la gestion de la fertilité (comme la symptothermie). Il existe de plus en plus de possibilité et de formations sérieuses sur le sujet.
Accompagner une fausse couche ou un avortement par les plantes
Maintenant, si vous venez d’avorter, ou de faire une fausse couche, la médecine des plantes est là pour vous aider aussi. Notez que toutes ces informations sont partagées à titre d’informations, et ne remplacent en aucun cas des recommandations médicales. Chaque personne est également différente, et il faudra adapter les plantes au cas par pas.
Les infusions
Plusieurs plantes sont intéressantes à raison de plusieurs tasses par jour d’une de ces plantes ou en mélange :
↠ L’achillée millefeuille. Elle n’a pas son pareil pour aider la femme à réguler les pertes de sang, et rétablir toutes sortes de situations différentes. Elle va aider à la femme à évacuer ce qu’elle n’a plus besoin de garder dans son utérus, tout en calmant les hémorragies et pertes de sang trop importantes. Elle va aider à calmer les inflammations de l’endomètre dû à la perte prématurée du fœtus, et cicatriser les tissus. J’aime à penser qu’elle va également aider à cicatriser les peines de cœur dues à cette expérience, comme une belle plante féminine pleine de douceur qui va aider à surmonter ce deuil.
↠ La sauge, et l’alchémille seront merveilleuses pour l’équilibre hormonal suivant les besoins (œstrogènes / progestérones), bien que je conseille avant tout travail sur le système hormonal de travailler également sur votre système nerveux. Perdre un bébé est un événement important qui, même s’il est vécu avec légèreté, laissera une trace sur votre corps, qui n’a pu suivre l’évolution « normale » d’une grossesse. Il y aura inévitablement un « stress » créé par votre système nerveux, ne serait-ce qu’en créant un aflux d’hormones pour calmer la douleur pendant que votre utérus se contracte prématurément.
↠ La camomille matricaire pour apaiser le système nerveux, car elle sera très féminine et apaisante, elle calmera les états d’anxiété et de dépression, ainsi que les états de chocs et de traumas. Elle est également précieuse pour calmer les crampes utérines.
↠ Le Framboisier, par son action cicatrisante et astringente, sera d’un soutien merveilleux pour aider à « réparer » et tonifier toute la sphère utérine ainsi que la zone du périnée.
Les huiles de massages
Pour le corps et pour le cœur, en massage sur le bas du ventre, le plexus solaire, le cœur, la plante des pieds suivant les plantes et les effets recherchés. Le massage au niveau des reins avec de belles plantes solaires et d’ancrage vont également aider à « recharger votre énergie » :
↠ La lavande (Lavandula angustifolia) pour calmer le système nerveux et rééquilibrer les émotions de tristesse et de deuil. Elle va également aider fortement à soulager les crampes. Je le conseille plutôt en huile de massage, soit avec un macérat huileux de Lavande, soit quelques gouttes d’huiles essentielles de lavande fine diluées dans une huile végétale.
↠ L’huile de camomille (Chamaemelum nobile), en huile essentielle ou macérat aura des propriétés similaires à l’infusion de camomille matricaire, et aura une belle action au niveau du système nerveux également.
↠ Le macérat huileux de rose (Rosa damascena, Rosa Centifolia) va beaucoup apaiser cette zone de l’utérus, apporter amour, réconfort, pardon, et aider à faire le deuil. La rose est une plante merveilleuse pour laisser les émotions se libérer et passer l’étape du deuil.
↠ L’huile essentielle d’estragon (Artemisia dracunculus) vont aider fortement à calmer les crampes. Il semblerait que l’huile essentielle d’estragon soit vraiment la plus efficace (d’autant qu’il s’agit d’une plante reliée à Artémis, déesse des femmes en couche…).
↠ L’huile de millepertuis (Hypericum perforatum) va également apaiser les crampes et inflammations.
↠ L’huile de sésame est très utilisé en ayurvéda pour détendre, réchauffer, apaiser, recentrer.
↠ Les huiles essentielles d’agrumes, comme l’orange douce, la mandarine ou la bergamote vont calmer le système nerveux (c’est l’une des spécificités des plantes de la famille des rutacées) mais aussi apporter de la fraîcheur et de la légèreté. Je vous recommande par contre une utilisation résonnée des huiles essentielles.
↠ L’huile essentielle d’immortelle, bien que son prix soit assez élevé, est incomparable pour apaiser les situations de chocs, les traumatismes, que ça soit au niveau du coeur ou sur un plan physique. Elle soulage les hématomes, réparent les tissus, et sera intéressante à intégrer dans une huile végétale en massage sur le bas du ventre.
Emotions et conscience corporelle
C’est le moment de renouer avec votre corps même si parfois on préfère fuir et ne pas SENTIR.
Mais sentir tout ce qui se manifeste va aider à vous guérir de cette épreuve plus rapidement. Accueillir pleinement, en revenant aux sensations de votre corps, laissez-le s’exprimer, dansez, criez si nécessaire, mais il est sage d’éviter les pensées de culpabilité et de honte prendre le dessus, ce qui peut-être difficile dans une société ou l’avortement et même les fausses couches sont encore mal vues et parfois pénalisés. Revenir au corps et accueillir pleinement.
C’est le moment de vous masser, de pratiquer certaines postures de yoga, de marcher pieds nus sur la terre et de vous laissez imprégner de son soutien et de sa médecine, et de recharger votre énergie pourquoi pas en pratiquant le Qi gong, et en protégeant la zone de vos reins et de votre utérus avec un foulard de la couleur qui vous fait du bien.
Au besoin, consultez un thérapeute qualifié. Une dépression suite à un tel événement ne doit pas être prise à la légère et doit être prise en charge rapidement.
Faire offrande
Certaines femmes penseront peut-être beaucoup à cette âme qui est partie. Si cela vous parle, vous pouvez aussi faire des offrandes de fleurs, et surtout d’encens et de parfums pour l’âme qui est partie. Dans plusieurs traditions, on dit qu’une fois que l’âme quitte son enveloppe charnel, peut importe à quelle étape, elle ne pourra plus se « nourrir » de matières physiques, par contre les âmes qui nous quittent continuent à se nourrir des parfums et de senteurs. C’est pourquoi on utilise souvent des offrandes d’encens et de fumée dans de nombreuses traditions, par des offrandes de tabac dans la tradition amérindienne par exemple, ou encore les offrandes d’encens comme le riwo sang cheu dans la tradition tibétaine, et l’on en retrouve des traces dans de nombreuses cultures.
Je vous partage également une expérience qui m’a beaucoup aidé. Je ne prétends pas que cela puisse remplacer un accompagnement thérapeutique avec un.e professionnel.le si besoin est, néanmoins si cela vous parle, mais cette expérience peut aider à dénouer la parole.
Vous pouvez tout simplement créer un rituel en donnant corps à l’être qui est parti, par exemple sous forme d’argile, puis le rendre à la terre, ou à l’eau. Durant ce rituel, vous pouvez prendre un temps pour lui parler, exprimer tout ce que vous avez besoin d’exprimer, faire offrande, allumer des bougies, offrir des fleurs, chanter, pleurer, consoler, prier, …
Il est parfois traumatisant pour certaines femmes de sortir de l’hôpital sans avoir même pu voir le corps du fœtus et sans savoir où il va. Des centaines de femmes m’ont rapportées à quel point c’est douloureux de ne pas savoir ce qu’il advient du fœtus, et d’avoir un sentiment d’inachevé, de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout du processus de deuil. Pour permettre à votre esprit et à votre âme d’intégrer pleinement l’expérience, ritualiser cette étape de deuil peut être important. Ce conseil m’a été donné par un ami après plusieurs mois de difficultés, cela m’a beaucoup aidé à accepter qu’il y avait un vrai deuil d’un être à faire, et lui redonner « corps » pour vivre réellement cette séparation a été un nécessaire pour accepter que j’étais en deuil et accueillir les émotions retenues.
En espérant que ces quelques partages puissent vous aider à traverser ce moment délicat,
Jess
Herboriste & poétesse
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Dessin du bébé dans les fleurs de pavot d’auteur inconnu