Gentiane et angélique, des adaptogènes locales ?
Les plantes adaptogènes présentent de nombreuses propriétés pour nous aider à réguler le stress, mais malheureusement victime de leurs succès, nombreuses d’entre elles sont gravement menacées.
La plupart nous viennent d’Asie, la traçabilité est médiocre, la plante mal cueillie, la ressource pillée, et l’on ne sait jamais quelle plante on trouve réellement dans nos sachets ou nos gélules…
Informations complémentaires : Aujourd’hui, 60 à 90% des plantes aromatiques et médicinales que l’on retrouve sur le marché sont issus de la cueillette sauvage (artisans et industriels confondus). On sait qu’environ 20% de ces plantes sont menacées d’extinction dans les prochaines années. Des populations sauvages de thym ou de sarriette sont par ailleurs directement menacées par le réchauffement climatique.
Existerait-il cependant des plantes plus locales, aux effets similaires ?
La gentiane jaune
La gentiane, Gentiana lutea, est considérée comme une plante tonique, stimulant fortement le métabolisme. Elle n’agit pas spécifiquement sur les surrénales, mais est réputée remettre l’organisme sur pied particulièrement en période de convalescence.
Selon Jean-Michel Morel, elle serait anti-dépressive : la gentisine et d’autres xanthones auraient un effet inhibiteurs de la mono-amine-oxydase (IMAO)*, augmentant ainsi la concentration de certains neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline, sérotonine).
Sa ressource reste cependant menacée. Elle n’en est pas au stade critique, mais on évitera de la cueillir en milieu sauvage, car il possible de la cultiver dans certains biotopes en France. Vous retrouverez des producteurs en France qui la cultivent au sein de l’Association interprofessionnelle de la gentiane jaune.

L’angélique officinale

L’angélique, Angelica archangelica, toujours citée par Jean-Michel Morel, contiendrait des coumarines et des huiles essentielles, qui lui procureraient des effets spasmolytiques, tranquillisants, et anti-dépresseurs.
Elle est préconisée en cas de grande fatigue et de stress prolongé, équilibre le système neuro-végétatif (des études cliniques nécessaire pour confirmer ces usages).
Cette angélique se trouve plutôt dans les climats froids d’Europe du nord, en Europe de l’est, en Russie ou sur les sommets de l’Himalaya. Néanmoins elle peut se cultiver sous nos latitudes, et il y aurait peut-être matière à creuser avec notre angélique sauvage des sous bois, Angelica sylvestris.
Le concept de plantes “adaptogènes” n’existent pas en occident, probablement parce qu’il n’existe pas une famille de plantes qui agiraient comme par magie pour nous enlever des années de stress accumulés… Nos plantes locales ont pourtant de très nombreuses propriétés qui peuvent agir à différent niveau, en fonction de ce que l’on souhaite cibler.
Mais plus encore, il serait vraiment pertinent de comprendre que pour réguler notre système nerveux, cela ne dépendra jamais d’une plante, ni même d’un complément alimentaire!
Il y a urgence à écouter ce cri d’alarme envoyé par notre corps, qui nous intime de ralentir, de nous reposer, et de redéfinir les choix juste qui nous permettront de réguler notre système nerveux en profondeur, et non juste en surface.
Nous ne pouvons pas consommer des plantes en espérant ne rien changer dans notre vie et continuer cette course effrénée, nous rendant ainsi constamment dépendant d’une source extérieur pour tenir debout…
Les ressources surexploitée et épuisée autour de nous sont bien le reflet de la manière dont nous abusons de nos propres ressources intérieures.
Et la seule urgence qui persiste aujourd’hui, c’est celle de ralentir, et de prendre soin, de nous, de la ressource, du vivant.
Sources :
- ONG TRAFFIC (recherches, documentation et préservation) : https://www.traffic.org/what-we-do/species/wild-plants/
- Etude sur l’effet anxiolytique de l’Angelica archangelica : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23297567/
- Etude sur l’effet neuroprotecteur de l’Angelica archangelica : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21272180/
- Traité pratique de phytothérapie – Jean Michel Morel