Cueillir le romarin, les bons gestes
Plante endémique du pourtour méditerranéen, on trouve le romarin, Rosmarinus officinalis L., en France près du littoral, et parfois en Drôme ou encore dans les Cévennes. Le romarin affectionne les garrigues, les rochers, les coteaux secs, chauds et ensoleillés. Son aire de répartition est peu étendue et les peuplements sont assez localisés. Plante extrêmement mellifère, elle est indispensable à de nombreux pollinisateurs. Qu’en est-il de sa pérennité ? Quels sont les bons gestes de cueillette ?
Etat de la ressource
En France (et ailleurs), les stations sauvages sont encore trop souvent pillées pour la distillation industrielle et la production d’huile essentielle. La cueillette familiale ne semble pas poser de problème. Par contre la cueillette commerciale entraîne des tensions sur la ressource au regard des volumes importants nécessaires à la distillation à grande échelle.
L’évolution climatique et la fermeture de certains milieux (par la disparation du pastoralisme entraînant une concurrence avec les arbres) accentuent également cette tension.
Bons gestes de cueillette
La plante s’épanouit lorsqu’elle est régulièrement taillée. Sur les zones qui ne sont pas entretenues, la plante vieillie en développant fortement la partie ligneuse au détriment de la partie feuillue. Avec quelques bons gestes de cueillette, nous pouvons aider à préserver sa longévité.
On taille le romarin en général à la faucille à dents ou au sécateur, en avril, en septembre-octobre, au tout début de la floraison. On évite de le cueillir en hiver et en été, saison du repos végétatif, ainsi qu’en période pluvieuse, car les feuilles noircissent au séchage.
On prélève environ la moitié de la pousse de l’année, plus verte et plus souple que les tiges anciennes. Avec ce type de taille courte (au maximum la moitié de la pousse de l’année), on peut récolter tous les ans.
Une bonne taille, c‘est une taille où seules les jeunes pousses encore tendres et vertes de l’année sont prélevées.
Cas particulier
Sur de vieux pieds lignifiés qui n’ont jamais été cueillis ou cueillis depuis longtemps, on peut tailler plus bas pour faire “redescendre” la ramure et ainsi redessiner un buisson compact. L’opération se fait progressivement sur plusieurs années. Les années suivantes apporteront de belles pousses homogènes.
Sur les stations arides et rocheuses on ne récoltera sur ces pieds que tous les 4 à 5 ans. Si les conditions sont plus clémentes, on récoltera une année sur trois.
Usages raisonnés et intelligents
La production d’huile essentielle de romarin, comme pour toutes les huiles essentielles, est très gourmande en plante, en eau, en énergie. À titre d’exemple, l’huile essentielle de romarin à verbénone est souvent utilisée à tord comme soutien hépatique, hors aucune étude scientifique ne valide cet usage. En effet, l’acide rosmarinique et l’acide caféique, aux propriétés anti-oxydante et hépato-protectrice sont absents de l’huile essentielle, et sont par ailleurs solubles dans l’eau (vive la tisane !).*
Par ailleurs, le bon sens veut qu’avant de chercher la plante miracle, il convient de travailler en amont sur son alimentation, son stress et son hygiène de vie !
*Manuel de phytothérapie éco-responsable, Aline Mercan, p. 124
Sources :
• Le chemin des herbes, Thierry Thévenin et Cédric Perraudeau, ed. Vielles Racines et Jeunes pousses | Ulmer
• Livret technique de cueillette, le romarin, auto-édition par l’association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages (disponible aux adhérents via le site de l’association)
• Manuel de phytothérapie écoresponsable, Aline Mercan, ed. Terre Vivante