Calendula sauvage ~ Calendula arvensis
Le calendula des champs, ou calendula sauvage, ( Calendula arvensis) est une petite plante de la même espèce que notre Calendula officinalis, mais tout simplement plus petite ! Les feuilles et les fleurs de l’un et l’autre se ressemblent, si ce n’est que le diamètre des fleurs de notre calendula sauvage ne dépassera pas 2- 3 cm. Cependant, on lui reconnaîtra la même texture résineuse à la cueillette, qui colle entre les doigts. Les propriétés de l’un et l’autre sont similaires, ainsi on peut les utiliser de façon interchangeable.
J’ai personnellement une petite préférence pour le calendula arvensis, tout simplement parce que j’affectionne de le récolter à l’état sauvage, brut d’intervention et d’intention humaine, même si notre souci des jardins se ressème tout seul sans soin particulier et se comporte finalement assez bien comme une plante sauvage qui ne demande rien à personne…
Notre calendula sauvage peut néanmoins se répandre sur de très vastes étendues, et c’est un vrai régale de le voir colorer le paysage de sa jolie teinte chaude et flamboyante.
BOTANIQUE
« Calendula » nous viendrait du latin « Calendae », signifiant « premier jour du mois » et ferait allusion à la propriété de ses capitules de s’ouvrir et de se refermer suivant l’apparition du soleil. « Arvensis » est relatif aux plantes « des champs », donc dès que vous lisez « arvensis », vous pouvez généralement en conclure qu’il s’agit d’une plante sauvage des champs. Pour ce qui est de la dénomination en français « Souci », anciennement « Soulcie », il viendrait du bas latin « Solsequia », signifiant « qui suit le soleil » . Le calendula est une plante de la famille des Astéracées, famille très commune et l’une des plus abondantes.
Nous retrouvons dans cette famille notamment le pissenlit, très facile à reconnaître.
Ses feuilles sont pubescentes, c’est-à-dire recouvertes de petits poils. Sa fleur est en fait une inflorescence, comportant quelques dizaines de fleurons ligulés, de couleur jaune-orangée.
Son réceptacle ( la partie verte) est un peu résineuse, c’est ce qui colle aux doigts, et c’est une propriété qui nous intéresse ! Il est donc important de bien récolter toute la fleur et non juste les pétales.
PROPRIÉTÉS
On retrouve peu de trace de notre calendula chez les anciens, néanmoins il aurait été mentionné par Hildegarde contre les troubles intestinaux, et le décrivait comme « efficace contre le poison ». Saint Albert le Grand (13ème siècle) le mentionne contre les morsures d’animaux, probablement par ses propriétés antiseptiques et anti-inflammatoire, et contre les obstructions de la rate et du foie (possiblement grâce à sa teneur légère en substances amères qui auront au moins action sur le foie, celui-ci étant également étroitement en lien avec la rate).
Le Dr H. Leclerc le mentionne également comme sudorifique, dépurative, emménagogue, et même comme antispasmodique et antiémétique.
Aujourd’hui son usage se révèle intéressant en tant que vulnéraire et cicatrisant, tout en calmant les inflammations, les sensations de tiraillements cutanés, les démangeaisons et irritations légères. Il est commun de l’utiliser également en collyre pour les inflammations oculaires, ainsi que pour traiter les gerçures aux mamelons liés à l’allaitement, ainsi que pour apaiser les érythèmes fessiers des bébés.
Ses propriétés antibactériennes se manifestent par la présence de résines, plus facilement extraite dans un alcool fort ou éventuellement dans de l’huile (ce sont des molécules plutôt non polaire). On pourra réaliser un macérat huileux de fleurs, voir même un macérat par intermédiaire alcoolique pour plus d’efficacité. Cette huile pourra s’utiliser telle quelle, ou pour la confection d’un onguent ou d’une crème (voir plus bas). Cette propriété antibactérienne se combine très bien avec les propriétés anti-inflammatoire et adoucissante du calendula pour traiter les plaies légères, piqûres d’insectes, ainsi qu’en post partum lors d’épisiotomie.
Il est également intéressant en bain de bouche, notamment pour les gingivites, ainsi qu’en bain de siège pour les affections vaginales. Pour ces deux dernières applications, on utilisera plutôt une teinture ou une alcoolature de fleurs de calendula diluée à 1/10 (donc une part d’alcool pour 1 part d’eau).
Ses propriétés adoucissantes, entre autre dues à la présence de mucilages et de gommes, sont également intéressantes en interne lors d’inflammation du tube digestif. Le calendula a la particularité d’apaiser les muqueuses inflammées, y compris de l’estomac et de l’intestin.
On pourra choisir de l’utiliser en infusion ou en teinture, mais pour cette dernière option il faudra la diluer également dans de l’eau, afin que les principes actifs du calendula soient bien en contact avec les muqueuses, comme une sorte de pansement. Notez que les mucilages ne sont cependant pas bien extrait dans un alcool fort, c’est un choix que l’on devra faire en fonction des propriétés que l’on recherche.
Maria Trében le mentionne également dans le soin des ulcères variqueux, et en réalise un onguent pour traiter les problèmes de retour veineux et les varices.
Il aurait également une action emménagogue légère, et aidera à lever les stagnations pour rendre la période menstruelle plus harmonieuse.
CHIMIE VERTE
(Les données qui vont suivre sont issues du livre « Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France », et sont communes au Calendula arvensis et au Calendula officinalis, impossible de savoir s’il existe une différence notable entre les deux) :
– 19,13 % de substances amères
– 6.84 % d’acide malique
– 3.44 % de résine
– 3 % de calenduline (un principe amer que le contact de l’eau rend gélatineux)
– 2,5 % de gomme
– 1,5 % de mucilage
– 0,64 % d’albumine
– 0,02 % d’huile essentielle
– La fleur contiendrait de la saponine, plus exactement de la gaiasaponine
Christian Escriva, dans son livre « les alcoolatures » mentionne également :
– Des flavonoïdes (hétérosides du quercétol)
– Des caroténoïdes (lutéol, zéaxanthol)
– Des polysaccharides (arabinogalactane)
– Des saponosides triterpéniques
– Des acides phénoliques
– Des coumarines
– Des substances amères
Ce serait beaucoup trop long de vous décrire comment bien extraire les phytoconstituants du calendula en fonction des propriétés souhaitées. Pour résumer, selon ce que j’ai pu étudier pour chaque phytoconstituant, la réalisation d’une crème est une excellente préparation pour un usage externe, avec un macérat huileux de calendula (éventuellement réalisé par intermédiaire alcoolique), ainsi qu’une alcoolature (ou une teintutre) à intégrer dans la formule à hauteur de 5 à 10% maximum. La présence d’alcool à ce faible dosage dans une crème n’est pas dérangeant pour les femmes enceintes, néanmoins vous pouvez également réaliser une crème sans ajout d’alcoolature/teinture, ou réaliser tout simplement un baume à base d’huile et de cire d’abeille, qui conviendra également très bien pour les enfants.
L’alcoolature/teinture est intéressante pour un usage interne selon l’application désirée, à combiner éventuellement avec une infusion si l’on veut également profiter des mucilages (par exemple pour la muqueuse digestive).
✧ Réaliser une teinture ou alcoolature ✧
La teinture se réalise à partir de plantes fraîches avec un alcool très élevé (90°). L’alcoolature se réalise à partir de plantes sèches. On utilise en général un alcool autour de 45° pour un extrait de plantes sèches, mais ici, comme nous cherchons à extraire également les résines, il nous faudra un alcool au moins à 70°, même si la plante est sèche. Si vous n’avez pas d’alcool aussi élevé, vous pouvez toujours utiliser un alcool à 45° sur une plante sèche, vous obtiendrez quand même déjà certain résultat.
NB : Ne pas confondre le procédé d’une teinture ou d’une alcoolature avec le macérat huileux par intermédiaire alcoolique ! Dans ce cas il vous faudra d’office un alcool à 96° et utiliser une plante sèche, je vous renvoie vers ma précédente publication ou je vous explique le procédé en détail, vous y retrouverez également toutes les informations déjà partagées à plusieurs reprises concernant les macérats huileux.
✧ Réaliser une crème ✧
Faites chauffer au bain-marie 3gr de cire d’abeille avec 35 gr d’huile de calendula, et 2g gr de cire émulsifiante (type olivem). Lorsque les cires ont bien fondues, ajoutez 3 à 4 gr de votre teinture ou alcoolature de calendula, et mélangez bien jusqu’à obtenir un mélange bien homogène, puis transvasez dans de petits pots.
Votre crème se conserve plusieurs mois sans problème.
✧ Réaliser un onguent sans alcool ✧
Si vous ne souhaitez pas intégrer d’alcoolature ou de teinture, vous pouvez simplement réaliser un onguent en faisant fondre 5 gr de cire d’abeille avec 45 gr d’huile de calendula. Lorsque la cire a bien fondue, transvasez simplement dans de petits pots. Votre onguent se conservera également durant plusieurs mois.
En vous souhaitant une belle rencontre avec le calendula arvensis !
Références bibliographiques :
✧ Pharmacognosie, phytochimie des plantes médicinales – Jean Bruneton
✧ Les alcoolatures – Christian Escriva
✧ Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France – Paul-Victor Fournier