Aubépine ~ Cueillette responsable, herboristerie et approche sensible
Que dire sur l’aubépine qui n’aurait pas déjà été dit mille fois ?
Pourtant chaque cueillette est unique, le geste se répète comme les syllabes d’un poème, rythmant les proses d’une plante si singulière. L’aubépine, connaît le secret pour se faire apprécier malgré ses épines. Elle nous plonge dans un espace temps si particulier, où l’on apprend à se fondre dans sa présence…
L’aubépine, cette fleur délicate est une merveilleuse plante bien connue pour soutenir le cœur et tout le système cardiovasculaire.
Sa médecine agit sur le long terme, mais en profondeur. Plus on se familiarise avec l’aubépine, plus elle resserre les liens de nos tissages intérieurs.
L’aubépine harmonise le système cardiovasculaire, pacifie les tempéraments trop vifs, dont le cœur s’emballe, tout en redonnant du feu à ceux qui en manque et souffrent de faiblesse cardiaque.
Sa médecine se fait sentir dans ses épines qui nous donne la force nécessaire pour nous manifester pleinement au monde. Elle nous apporte le courage de nous affirmer, de poser nos limites et de définir notre espace. Comme ses épines qui incarnent la force et la vigueur, elle aide notre cœur à se renforcer et à battre en rythme les saisons de la vie.
Ses fleurs délicates et le feu de ses épines apportent au cœur trop durcit la chaleur qui fera fondre la glace et couler les larmes fertiles de la tendresse. L’aubépine nous transpercent, pour que nous acceptions de nous ouvrir à nos blessures afin de les transformer et de ne plus les fuir. Elle nous invite à nous laisse toucher, pour ressentir et manifester pleinement ce qui nous rend profondément humain et sensible.
Ses tanins tonifient les vaisseaux sanguins dans notre corps pour favoriser une meilleure circulation du sang, une meilleure circulation de la vie. Tout comme ils resserrent les tissus, ils nous permettre de « resserrer » les liens du cœur, de cicatriser les plaies, d’unifier le tissage de nos mémoires, de toucher l’unicité, et d’entrée en amitié avec soi-même, pour enfin entrer en amitié avec le monde.
Parole d’aubépine
Lorsque le ciel se voile de nuages, continues-tu de croire en la présence de l’astre solaire même si tu ne le vois pas ?
Lorsque tombe la nuit, crains-tu d’être engloutie à tout jamais dans l’obscurité ou demeures-tu dans la confiance qu’un nouveau jour débutera pour toi ?
Lorsque tu te sens seule ou abandonnée, lorsque tu désespères de ne pas être aimée, peux-tu choisir d’avoir Foi en la réalité immuable de l’Amour, en toi, en tout, ici et maintenant ?
Aies foi en l’Amour comme tu as foi dans le Soleil, au-delà de toutes peurs et de toutes croyances, de tous doutes et de toutes certitudes, en te souvenant simplement de ce que tu sais dans la profondeur de ton être : la réalité immuable de l’Amour.
Vis l’Amour en tant que Vérité en laquelle tu as Foi.
Ouvres ton coeur, laisse-moi y déposer la semence de la Foi, laisses-moi y verser l’Amour en abondance.
C’est nourrie d’Amour que ta Foi grandit, c’est dans ce terreau fertile qu’elle s’enracine et se fortifie.
Je suis Dame Aubépine.
Je suis feuilles et épines, fleurs et fruits.
Je manifeste pour toi ce que tu cherches à protéger : ta Beauté, des Dons de Lumière et aussi ta Vulnérabilité.
Sagesse de la forêt ~ Corine Moens
Cueillir l’aubépine, les bons gestes
C’est souvent lors du mois de mai que l’air commence à embaumer de multiples parfums, rythmé par les floraisons qui s’intensifient de plus en plus ! L’aubépine, Crataegus monogyna, est l’une des fleurs que les herboristes affectionnent beaucoup, notamment pour ses multiples propriétés soutenant le système cardiovasculaire.
C’est une cueillette souvent longue, qui nous invite à la présence… Répéter le geste, inlassablement, pour prélever cette précieuse médecine pour nos corps et pour nos cœurs !
Cueillez vos fleurs d’aubépine par temps sec et ensoleillé, quand les boutons floraux sont encore un peu fermés, avec quelques fleurs ouvertes. Si les pétales des fleurs tombent au sol au moment où vous la récoltez, c’est qu’elle est déjà un peu passée. Concernant les cenelles, elles se cueillent à l’automne, dès qu’elles sont bien rouges et bien fermes.
Lors de la cueillette, vous aurez certainement remarqué la présence de bois à la base du bouquet ? Ceci se produit lorsque la cueillette s’effectue sur des branches qui ne poussent plus et n’étant plus que dans un processus de fructification.
Il est par contre plus facile de prélever des feuilles et des fleurs sur des rameaux jeunes, poussant rapidement pour former la structure de l’arbre. Les fleurs y sont très abondantes, mais présentent moins de bois, avec des “tiges” plus allongées.
Pour aider l’arbuste à créer plus de rameaux, on peut effectuer une taille*. Il produira ainsi de nouvelles branches vigoureuses, qui donneront à nouveau de nombreuses fleurs. Celles-ci seront à la fois plus facile à récolter pour nous, tout en permettant à l’arbre de stimuler sa croissance.
*On parle ici d’une taille raisonnée, avec des coupes nettes qui permettent à l’arbre de cicatriser correctement. Inutile de tailler trop sévèrement, ou d’arracher les branches, ce qui aurait pour effet de fragiliser l’arbre et de favoriser des maladies.
L’aubépine est en général un arbuste très abondant, pionner des friches. Néanmoins, sa floraison, et plus tard sa fructification reste fragile si les conditions météos ne sont pas favorables. Un coup de froid, trop de pluies, ou encore une cueillette abusive donneront moins de fleurs, et par conséquent moins de fruits à l’automne, donc moins de nourriture pour la faune sauvage.
En tant que cueilleur, nous avons la responsabilité de préserver la ressource en adoptant les bons gestes !
Risques de confusion
L’aubépine est souvent confondue avec le prunellier, Prunus spinosa, aux fleurs également petites et blanches, et présentant également de nombreuses épines. Le prunelier est d’ailleurs appelé « épine noire », tandis que l’aubépine est appelée « épine blanche ».
Comment les reconnaître, surtout lorsque souvent les deux peuvent être présents côte à côte ?
C’est assez simple. Sur l’aubépine pousse d’abord les feuilles avant d’offrir ses fleurs d’un blanc immaculé. Le prunellier quant à lui offre d’abord ses fleurs au tout début du printemps, quand les journées sont encore fraîches, et ses feuilles arriveront bien plus tard dans la saison.
Les cenelles de l’aubépine, que l’on appelle à tord « fruits » sont rouges, à la texture farineuse, parfois légèrement sucré. Tandis que les prunelles sont noires et très astringente en début de fructification.
Fleurs de prunellier, au début de printemps, sans la présence des feuilles.
Feuilles d’aubépine, présentent sur les rameaux bien avant les fleurs.
Les différentes parties utilisées
Traditionnellement, ce sont surtout les fleurs au printemps et les cenelles à l’automne qui sont récoltées. Mais personnellement j’apprécie également de récolter les jeunes feuilles au printemps, encore tendres et savoureuses. Elles regorgent de vitalité, et je les utilise ainsi dans ma cuisine sauvage, ou je les fais sécher pour agrémenter quelques tisanes ou réaliser une alcoolature.
Afin de bénéficier de ce que certains appellent le « totum » de la plante, j’aime réaliser une alcoolature aux différents stades de maturation de l’aubépine. Ainsi je commence par une alcoolature avec les jeunes feuilles printanières. Puis j’en réalise une deuxième avec les fleurs lorsqu’elles commencent à peine à éclore, et que les boutons s’entrouvrent délicatement. Enfin à l’automne, ce sont les cenelles qui seront mises à macérer. Je réunis ensuite les trois alcoolatures pour obtenir une préparation optimale, portant la mémoire des saisons. J’aime l’idée que chaque saison apporte une énergie particulière, et que celles-ci se retrouvera dans mes flacons. J’aborde les alcoolatures en détails plus loin dans cet article.
Phytochimie et usages traditionnels
Je ne vais pas m’attarder trop longuement sur les molécules actives de l’aubépine car il existe déjà une grande littérature sur le sujet ainsi que sur ces usages traditionnels et scientifiques, en voici un bref résumé :
Sommités fleuries (feuilles et fleurs) :
✧ Acides phénols (acide caféique et acide chlorogénique)
✧ Flavonoïdes (vitexine, isovitexine, quercétine, rutine, … )
✧ Saponosides triterpéniques
✧ Tanins catéchiques : les fleurs et feuilles en contiennent jusqu’à 2,4% de proanthocyanidines
Usages en herboristerie
Son usage serait reconnu par l’OMS dans le cas d’insuffisance cardiaque légère, en soutien des fonctions du coeur et des vaisseaux sanguins. La Commission E allemande et l’ESCOP reconnaitraient également l’usage d’extraits d’aubépine dans ce contexte ainsi qu’en cas de nervosité.
En herboristerie, l’aubépine jouit d’une longue tradition pour soutenir le système cardiovasculaire. Son action cardiotonique permettrait de renforcer les contraction musculaire, tout en ralentissant la fréquence cardiaque, régulant ainsi naturellement les battements du cœur et le rythme cardiaque.
Elle serait également cardioprotectrice, et augmenterait le débit sanguin coronaire, l’irrigation du myocarde, et permettrait une meilleure tolérance à l’exercice.
La présence de pro-anthocyanidines serait liée à son action anti-inflammatoire et anti-oxydante.
Enfin, elle aurait une action sédative et anxiolytique légère. Son action se fait sentir sur le long terme. Ce n’est pas tellement la plante qui va calmer une anxiété rapidement, en prenant quelques gouttes de teinture. Pour ce type de situation, on travaillera plutôt avec l’agripaume. L’aubépine travaille plutôt sur le fond, lorsqu’il y a de l’anxiété chronique, parfois sans raison particulière.
Globalement, l’aubépine est une plante qui va nourrir le cœur en profondeur. Elle n’agit pas violemment, en forçant quoi que ce soit, mais plutôt en favorisant une meilleure circulation du sang vers le cœur. La fonction du cœur est avant tout d’envoyer le sang vers tous les organes du cœur. Mais celui-ci a également besoin d’être nourri pour bien fonctionner, et c’est ce que fait l’aubépine de différentes manières !
Elle sera intéressante pour agir préventivement lorsqu’il y a des antécédents de problème cardiaque, voir un risque d’AVC, ou tout simplement lorsque l’on a tendance à la palpitation, l’arythmie, l’insuffisance cardiaque, et bien sûr l’anxiété, les états émotionnels intenses, l’hyperémotivité. La particularité de l’aubépine est vraiment de régulariser la tensions artérielle, qu’elle soit trop basse ou trop élevée.
Elle est également intéressante comme tonique vasculaire et ses baies sont très riches en antioxydant, elle va ainsi aider à protéger les capillaires veineux, et prévenir des phlébites, thromboses, athérosclérose, hémorroïdes, et problèmes de varices et retour veineux.
J’ai tendance à la considérer comme une de nos adaptogènes européennes, puisqu’elle va tonifier et soutenir en profondeur le cœur, notamment pour éviter l’usage de la Rhodiole (Rodhiola rosea), qui est une plante extrêmement menacée, et pourtant cueillie abusivement notamment pour vendre des compléments alimentaires afin de réguler le stress et l’anxiété… Nous avons une si belle plante abondante et à portée de main dans nos régions, apprenons à l’utiliser et réapproprions nous nos savoirs faires locaux et populaires !
Approche sensible de l’aubépine, l’alchimie de la souffrance
Lorsque nous ressentons une douleur dans notre corps, c’est le signal qu’il nous envoie pour nous faire comprendre que l’homéostasie est déséquilibrée, que son intégrité est menacée.
Le système nerveux de notre corps est composé de millions de cellules sensorielles qui vont nous faire ressentir la douleur, nous envoyant ainsi un message pour nous inviter à nous apporter du soin et de la guérison. Ces terminaisons nerveuses se situent partout dans notre corps, jusqu’à fleur de notre peau, et l’un de leur rôle est aussi de nous faire ressentir la douleur, pour nous protéger d’un éventuel danger.
S’il en est ainsi pour notre corps physique, pourquoi en serait-il différent pour notre corps psychique ?
Ressentir la douleur d’une émotion est un processus naturel pour nous permettre de poser notre attention là nous avons besoin de guérir. Nous avons besoin de ressentir cette douleur du fond de notre être pour y apporter du soin et de l’amour. Cela ne signifie pas que nous devons rester accroché à cette douleur. Cela signifie que pour grandir de cette douleur, il nous faut l’accueillir pour la transformer. Oser la regarder en face, et respirer avec elle, pour transformer et libérer les tensions qu’elle crée dans notre corps. Cesser de lutter avec soi-même pour tenter de nous cacher, en vain. Cesser de vouloir être une autre personne. Ressentir, pleinement, notre corps et toutes ses sensations.
L’aubépine, avec ses rameaux pourvus de petites épines, si l’on y prend pas garde, peuvent nous écorcher… Comme lorsqu’on s’écorche le cœur, quand notre esprit est agité, les émotions confuses, et que nous faisons des choix qui ne ne nous conviennent pas…
La cueillette de l’aubépine nous invite à la présence, à ressentir profondément son cœur, à poser chaque geste comme si c’était le premier, sans arrière pensée, présent, aligné avec notre capacité à cueillir, recueillir et accueillir ce qui est bon pour notre cheminement, en alignant notre corps, notre esprit et notre cœur, avec notre souffle.
L’aubépine est une merveilleuse plante alliée pour nous permettre d’éveiller notre sensibilité. Ses épines viennent créer une brèche pour laisser les larmes couler et emmener avec elles ce dont nous n’avons plus besoin, afin d’arroser la terre pour que de nouvelles fleurs puissent s’épanouir au printemps qui s’éveille, et accompagner le bal des floraisons estivales.
On dit que l’aubépine apaise le cœur, le deuil, ou les chagrins. Non pas en les effaçant, mais en nous permettant de les embrasser et de faire la paix avec cette lutte incessante que nous menons pour éviter la souffrance, lorsqu’il est difficile de s’accueillir dans sa vulnérabilité, par peur d’être jugée.
L’aubépine n’agit pas comme une pilule magique qui va tout d’un coup supprimer les émotions douloureuses, nous faire oublier la tristesse, ou nous enlever notre colère. Elle vient avant tout mettre en lumière ce qui a besoin d’être regardé, en perçant notre carapace de ses épines. Elle peut même parfois exacerber ce que l’on cherche à ne pas voir, appuyer là où ça fait mal, pour que nous puissions lâcher notre armure et découvrir la tendresse de nos blessures, de notre chair à vif.
Les plantes guérisseuses nous permettent de dire, oui j’ai peur, oui j’ai mal, oui je suis triste, oui je souffre. Et en acceptant nos fragilités, nous acceptons de guérir. Les plantes, les fleurs, les arbres sont des alchimistes, nés de graines qui, par les 5 éléments, se sont transformées et métamorphosées tout au long de leur vie pour faire naître l’abondance sur Terre. Et elles nous enseignent l’alchimie de la souffrance, elles nous enseignent de nous transformer à notre tour, pour que nous puissions toucher le joyau de notre cœur et l’amour qui ne meurt jamais dans ce cycle perpétuel de la vie.
Récolter le fruit de la tendresse
Combien de fois me suis-je écorchée pour atteindre ce fruit précieux que mon coeur appelle de toute son ardeur ?
Combien de fois ai-je manqué d’attention quand je voulais précipitamment saisir l’objet de mon désir, en oubliant de ressentir mes racines sous mes pieds ?
Combien de fois les épines m’ont-elles blessées pour me rappeler à la sensorialité de mon souffle qui fait danser ma poitrine ?
Combien de fois ai-je tenté de fuir, me laissant distraire par le flot de ma pensée et de mes ombres ?
Combien de fois ai-je courbée le dos, prétextant de ne pas être capable ?
Combien de fois ai-je oublié de prendre le temps de ressentir le murmure des arbres entre deux souffles, d’écouter le bruissement des feuilles s’abandonner au sol, de respirer la sagesse du temps qui tisse les couleurs et les parfums de nos souvenirs ?
Combien de fois ai-je oublier qui j’étais, en oubliant de revenir à mon souffle, à mon corps, de me redresser, entre ciel et terre, et d’oser me sentir me vulnérable en ouvrant mon cœur plutôt que de la cacher en courbant le dos ?
Jamais un arbre ne se cachera de son désir ardent d’offrir son cœur pour y laisser ses feuilles caresser l’espace du ciel infinie, celui qui nous relie à l’amour et à la tendresse quand nous acceptons de ne plus courber le dos, d’ouvrir notre cœur et d’accueillir notre vulnérabilité.
À chaque blessure, je me suis un peu plus rapprochée de mon cœur, à ce désir ardent de ressentir l’amour.
L’aubépine est cette médecine puissante qui me rappelle, à chaque fois que je me blesse en voulant récolter le fruit de la tendresse, que je peux trouver dans une présence calme et ancrée la force de me relever entre ciel et terre, de respirer et accueillir la tendresse sensorielle de ce souffle dans mon coeur, et ouvrir ce cœur à un amour plus sincère, plus authentique, plus véritable.
Elle nous invite à nous laisser transpercer, à briser notre carapace pour nous laisser pénétrer par l’amour et incarner pleinement notre désir d’aimer et de savourer la joie d’être en vie.
Si la rose et l’aubépine ont des épines, c’est vraiment pour nous apprendre à aimer. Parce que plus on aime, plus on se rapproche de notre cœur.
Mais plus on se rapproche de notre cœur, et plus on se rapproche également de cet espace sensible où il réside, de notre intimité, de notre vulnérabilité et de nos blessures.
Il y a une idée véhiculée qui dit que lorsque l’on aime véritablement, on ne souffre pas. Que si notre amour fait souffrir, alors ce n’est pas de l’amour, et on ne résume cela qu’à de l’attachement.
Il n’en est rien.
Plus nous aimons, plus nous sentons notre cœur battre et vibrer. Plus nous aimons et plus nous nous sentons reliés à une force de vie qui nous dépasse.
Mais inévitablement, plus nous sommes proche de mon cœur, et plus nous sommes proche de ce qui est sensible et fragile dans ce cœur qui accueille tout !
Ce qui nous rend libre, ce n’est pas aimer sans attente ou sans attachement. Ce qui nous rend libre est plutôt notre capacité à nous abandonner pleinement et à embrasser pleinement nos blessures lorsque notre cœur s’ouvre à la peur de perdre les êtres que l’on aime et à toutes les émotions qui découlent de cet état d’être, profondément humain.
Ainsi lorsque nous nous rapprochons de l’aubépine, nous pouvons sentir ses épines percer quelques fragments de cette armure que nous avons construit autour de notre cœur, pour y laisser passer quelques éclats de lumière, et nous montrer comment aimer véritablement. Elle nous montre comment accepter de se laisser toucher, comment accueillir la douleur afin de l’embrasser pleinement, et de s’ouvrir à un amour plus sincère et plus authentique.
Comment l’utiliser ?
✧ Sa présence
Si à une époque j’ai pu m’intéresser à de multiples façons de transformer les plantes médicinales pour les sublimer au maximum et profiter de leurs bienfaits autant que possible, aujourd’hui j’ai épuré ma pratique et revient à la simplicité. Être en présence de l’aubépine et particulièrement ressourçant. Peut-être l’aspect éphémère de sa floraison ? Quoi qu’il en soit, la simple contemplation de l’aubépine et la cueillette de quelques fleurs ou de quelques cenelles et déjà thérapeutique en soi. Alors aujourd’hui, plutôt que de prélever encore dans la nature pour tenter mille et un procédé de transformation, je vous invite à vous nourrir de sa simple présence.
✧ L’infusion d’aubépine
Les fleurs et les cenelles d’aubépine sont très simples à faire sécher pour ensuite se préparer tisane (pour les feuilles et les fleurs) et décoction (pour les cenelles). Suivant l’usage souhaité, il est d’usage traditionnel de consommer une pincée de fleurs ou 3,4 cenelles par tasse, 2 à 3 fois par jour.
✧ L’alcoolature d’aubépine
En herboristerie, on réalise des macérations de sommités fleuries ou de cenelles dans de l’alcool. Mais comme mentionné plus haut, j’apprécie d’utiliser également les jeunes feuilles, je procède donc en trois étapes, avec une première alcoolature de jeunes feuilles, une deuxième alcoolature de fleurs et sommités fleuries, et une troisième alcoolature de cenelles. Je laisse chaque préparation macérer 4 à 6 semaines avant de filtrer, puis le les réunit à la fin de l’automne.
Pour chacune des préparations, je travaille avec des plantes sèches, afin de ne pas diluer la préparation avec l’humidité contenue dans les plantes, et favoriser une extraction optimale (plus l’alcool contient de l’eau, plus l’extraction de certains constituants non polaires diminuent, cela dépend donc des constituants que l’on veut extraire). Je hache également mes plantes juste avant la macération, afin d’augmenter la surface de contact entre le solvant et l’alcool et ainsi optimiser l’extraction.
NB : il m’arrive parfois de réaliser mes alcoolatures avec des plantes fraîches, pour diverses raisons qui me sont propres. Rien n’est figé, je vous partage ici la méthode optimale pour une extraction efficace des constituants, mais il m’arrive parfois de tester d’autres méthodes selon ma sensibilité du moment. Certains herboristes ne travaillent qu’avec des plantes fraîches pour préserver la « vitalité » de la plante, ou pour d’autres raisons. L’avantage des plantes sèches est également est de pouvoir mettre plus de quantité qu’avec des plantes fraîches, et donc d’avoir une alcoolature plus concentrée.
Pour les feuilles et les fleurs :
Récoltez les délicates jeunes feuilles /fleurs d’aubépine séchées et déposez les dans un bocal. Ajoutez de l’alcool à 45° (type alcool de fruits) jusqu’à bien recouvrir vos plantes, puis laissez macérer durant minimum 4 semaines en remuant régulièrement pour favoriser les échanges moléculaires et permettre une meilleure extraction.
Pour les cenelles :
Récoltez vos cenelles d’aubépine en prenant soin d’ôter les feuilles. Une fois bien sèches, broyez-les, remplissez un bocal, ajoutez ensuite de l’alcool à 45° jusqu’à bien recouvrir vos plantes, puis laissez macérer durant minimum 4 semaines en remuant régulièrement pour favoriser les échanges moléculaires et permettre une meilleure extraction.
Vous pouvez éventuellement déposer un poids pour tasser vos plantes, comme un galet propre, pour éviter qu’elles ne remontent à la surface et éviter le risque d’oxydation.
Filtrez ensuite vos alcoolatures, et conservez-les dans un bocal ou un flacon en verre ambré, à l’abri de la lumière et de la chaleur.
Une fois qu’elles sont toutes prêtes, vous pouvez :
✧ soit les réunir dans un seul contenant et prendre plusieurs gouttes du mélange dans un verre d’eau.
✧ soit les garder dans trois contenants différents, et prendre plusieurs gouttes de chaque dans un verre d’eau.
Traditionnellement, il est recommandé de prendre 30 gouttes à 60 gouttes 2 à 3 fois par jour durant plusieurs semaines voir plusieurs mois.
Méditation avec l’aubépine
Pour compléter la médecine de l’aubépine, cette pratique de méditation m’est venue à l’esprit un jour de sa cueillette, lorsque moi même j’eus besoin de m’accorder de la tendresse pour apprendre à m’accueillir et donner de l’espace à un amour qui ne demandait qu’à fleurir.
Cette méditation m’est entre autre inspirée d’une pratique tibétaine.
Commencez par respirer calmement, en amenant un souffle chaud, présent et lumineux dans votre cœur. Lorsque vous avez trouvé un certain apaisement, visualisez ensuite une fleur d’aubépine dans votre coeur, bien ouverte, rayonnante, reposant au niveau de votre cœur-plexus. À l’inspire, visualisez toutes vos difficultés et émotions difficiles pénétrer la fleur d’aubépine. À l’expire, visualisez et ressentez toutes vos difficultés se dissoudre totalement dans la fleur, qui répand à son tour son parfum, sa médecine, ses propriétés thérapeutiques dans votre corps, sous forme de pétales blanches.
Continuez l’expérience autant de fois que nécessaire, tout en accueillant les émotions qui se manifestent, en les offrant à chaque fois à votre fleur d’aubépine pour transformer votre souffrance en pluie de douceur et de compassion.
Les recettes gourmandes
« Pesto » douceur d’aubépine
Pour changer de la traditionnelle confiture de cenelles d’aubépine, voici une recette salée, et me suis inspirée d’une recette de Karin Greiner. Les cenelles d’aubépine sont en général perçues comme ayant un goût assez fade… Il arrive parfois, selon les saisons, qu’elles puissent offrir un goût sucré, rappelant la pomme… Tout dépendra de la finesse du palais !
Ingrédients
✧ 300 ce de cenelles d’aubépine bien mûres, bien tendres, bien rouges
✧ Une poignée d’amandes préalablement trempées et décortiquées (vous pouvez aussi utiliser de la poudre d’amandes mais je n’ai pas les quantités exactes)
✧ 1 gousses d’ail
✧ 2 cuillères à soupe d’huile de noix
✧ 2 bonnes cuillères à soupe de fromage de chèvre (optionnel, mais cela rajoute un goût vraiment savoureux…
Mettre à cuire doucement vos cenelles d’aubépine, en ajoutant un peu d’eau. Lorsqu’elles sont bien cuites et commencent à former une purée, les passer au presse-purée.
Ajoutez à ce coulis l’ail, l’huile de noix, les amandes et le fromage frais, mélangez bien le tout, c’est prêt
Se déguste en tartinade, en accompagnement de vos plats, salades, ou à la cuillère !
SOURCES
Grand manuel de phytothérapie – Eric Lorrain
Altheaprovence
5 commentaires
Merci infiniment pour ces textes plein de poésie, d’informations importantes et merci pour les belles photos
Je pense a vous chaque fois que je récolte fleurs ou plantes
Françoise
J’ai rarement lu une ode si belle à l’aubépine ! Merci 🙏
Infinie gratitude
Je vais partager sur mes reseaux en citant bien le nom de votre site
Merci infiniment
Merci beaucoup 🙏
Merci pour ce bel article !
Quand tu évoques la taille, c’est des jeunes rameaux ou des anciens ?
Tout dépend de l’âge de la plante, son état, la présence de différentes maladies ou non, le port qu’on souhaite lui donner, la présence de jeunes rameaux (trop) vigoureux, la présence de branches très hautes qui ne nous sont pas accessibles, etc.